Entretien
Sophie Aschcroft, 38 ans, coach de vie au Mans, adepte de la technologie neurofeedback.
Vous proposez un outil, le « neurofeedback dynamique », qui peut notamment accompagner des personnes autistes. En quoi ça consiste ?
Ce n’est pas un diagnostic, ni une thérapie, ni un traitement médical. C’est un accompagnement, un entraînement du cerveau qui utilise sa plasticité pour le rendre plus résilient, plus flexible, moins sensible au stress, à l’aide d’une machine qui mesure l’intensité électrique du cerveau et ses variations.
Comment ça marche ?
La personne s’installe dans un fauteuil, face un écran, avec un film ou une bande-son de son choix. C’est un moment de détente, une pause, une respiration. Je pose des électrodes pour que la machine réalise un électroencéphalogramme. Quand il y a des pics importants, de grosses variations électriques, l’appareil provoque une micro-coupure du son. C’est le feedback. Comme sur l’autoroute : la vibration de la bande rugueuse agit comme un rappel pour se remettre au milieu.
La personne est-elle consciente de la coupure ?
Non. La micro-coupure n’est pas perceptible par l’oreille, mais par le cerveau, qui va utiliser cette information. C’est une aide pour renforcer des circuits, des connexions neuronales qui étaient peut-être un peu faibles.
La personne reste donc passive ?
Oui, elle est tranquille, mais son cerveau travaille. La personne va évoluer selon ses capacités d’apprentissage, en sachant ce qui est bon pour elle. On ne mesure pas à partir d’une référence ou d’un standard. On n’est pas intrusif et chacun part de son potentiel pour l’améliorer. C’est très humaniste.
Quels sont les effets ?
De la légèreté et une amélioration dans plusieurs domaines : sommeil, concentration, régulation émotionnelle. Cette technologie est profitable à tous. On a des témoignages intéressants d’enfants ou d’adultes atteints d’autisme, de troubles de l’attention, de troubles dysxlexiques, d’épilepsie, de maladie de Parkinson, d’AVC. On peut aussi utiliser cet outil pour des personnes souhaitant booster leur potentiel intellectuel et physique ou diminuer leur anxiété. Mais ça ne remplace pas un traitement médical.
Quels résultats pour l’autisme ?
On ne peut pas poser d’attente, il faut se laisser surprendre, les résultats sont propres à chacun. Si on focalise, par exemple, sur l’attention des yeux, on va oublier la détente et d’autres effets positifs, comme le nombre de crises qui baisse.
Je reçois beaucoup de gens avec une hypersensibilité sensorielle, qui entrent peut-être dans le spectre autistique, sans avoir de diagnostic très clair. Mais dans mon réseau, beaucoup de praticiens reçoivent des clients clairement concernés par l’autisme, qui viennent chercher une autre approche. On a des retours très positifs sur le stress, la régulation émotionnelle, la focalisation.
Sophie, coach de vie férue de maths et d’économie
Sophie Aschcroft affiche un CV bluffant. Cette ancienne élève du lycée Bellevue, au Mans, cumule trois diplômes à bac + 5 : école de l’Insee, magistère d’économie et DEA d’économie industrielle à la Sorbonne, à Paris. Pour ces deux dernières formations, la brillante étudiante est sortie major de sa promo.
Cette spécialiste de mathématiques appliquées à l’économie a travaillé comme consultante dans un grand cabinet de conseil anglo-saxon, avant de revenir sur ses terres comme chef économiste de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières, dont le siège se trouvait au Mans. Gros job : cette autorité indépendante veille au bon fonctionnement du marché ferroviaire, notamment l’ouverture à la concurrence de la SNCF.
« Mais je suis d’abord maman. Je suis aussi revenue au Mans pour élever mes enfants » , souligne cette trentenaire élégante, qui a vécu la naissance de son fils et de sa fille comme une révélation. À la clé, un changement de cap. Sophie, mariée à un Britannique, a profité d’un congé parental pour suivre la formation des ateliers Filliozat, du nom d’une psychothérapeute mondialement reconnue, avant de se lancer comme coach de vie et coach en parentalité.
« Je suis dans une approche empathique , précise, d’une voix bienveillante, l’experte du lien familial. J’aide des parents à devenir les parents qu’ils ont envie d’être. » Loin de son ancien business de consultante ? « Mon job d’économiste consistait à inciter les acteurs économiques à « maximiser le bien-être social », avec des mécanismes d’auto-régulation, et que chaque acteur fournisse la meilleure réponse sociale au signal envoyé par le marché. » Sourire : « Le neurofeedback dynamique utilise le même vocabulaire de régulation, les mêmes concepts et les mêmes maths que j’utilisais en économétrie ! »
Une technologie reconnue
Le neurofeedback est une technologie d’origine américaine, arrivée depuis peu en France. Mais reconnue. Une étude a notamment été effectuée sur le trouble du déficit de l’attention et hyperactivité au laboratoire de neurosciences fonctionnelles et pathologies du CHU d’Amiens (Somme).
Des associations de parents d’enfants handicapés ou ayant subi un AVC font appel à cette méthode, par exemple Neuf de cœur ou Le chemin de Lola.
Source : Ouest France
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